Politique

Économies à grande échelle : le budget 2024 de MaPrimeRénov' est amputé

Le 19/02/2024
par Cécile Vicini
Dans le cadre d'un plan d'économies, le gouvernement a annoncé, ce lundi 19 février, une diminution drastique du budget alloué à MaPrimeRénov' pour l'année 2024. La conférence de presse était tenue par Thomas Cazenave, ministre du Budget et Bruno Le Maire, ministre de l’Économie.
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Plus précisément, cette amputation annoncée s'élève à un milliard d'euros et fait partie d'un ensemble d'actions visant à annuler, par décret, 10 milliards d'euros du budget alloué par l'État.

Une mauvaise nouvelle qui vient ternir l'effet d'annonce de la semaine dernière, notamment l'intention de l'État de s'appuyer sur les TPE du bâtiment "pour relever le défi majeur de la rénovation énergétique et de sa massification".

Objectif : « refroidir la machine »

Cette réduction est justifiée par la détérioration du contexte économique mondial, marquée par le ralentissement des économies chinoise et allemande, ainsi que par une hausse des taux. La prévision de croissance française a également été revue à la baisse pour cette année, passant de 1,4% à 1%.

Le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, a expliqué que cette mesure vise à "refroidir la machine". Bien que l'objectif initial était d'augmenter le budget de MaPrimeRénov' de 2,5 à 4 milliards d'euros entre 2023 et 2024, la nouvelle allocation sera finalement de 3 milliards d’euros.

Le risque : un manque de financement à long terme

Le ministre a insisté sur le fait que malgré cette réduction, le gouvernement ne renonce pas à ses ambitions climatiques et continuera à investir de manière significative. Il souligne également le risque de laisser les dépenses augmenter sans contrôle, ce qui pourrait entraîner un manque de financement à long terme.

Par ailleurs, les pensionnaires de Bercy ont rappellé que les efforts de simplification de MaPrimeRénov' et du Diagnostic de Performance Énergétique (DPE) pourraient maintenir la dynamique du secteur.

En outre, la "sous-exécution" des crédits alloués à MaPrimeRénov' en 2023, selon les termes du ministre délégué aux Comptes publics, Thomas Cazenave, a également influencé la décision.

En effet, 300 millions d'euros n'ont pas pu être utilisés l'année précédente. Après l'annonce d'une "réforme de la réforme" de MaPrimeRénov' la semaine dernière, cette nouvelle réduction budgétaire risque d'avoir un impact potentiellement déstabilisant sur le secteur.

Outre la rénovation énergétique, d'autres mesures ont été prises :

  • La diminution du soutien aux contrats d'apprentissage,
  • La libération de 25% des surfaces immobilières occupées par les services de l'État,
  • La réduction du soutien aux collectivités via le fonds vert.

Côté organisations du secteur, la FFB - Fédération Française du Bâtiment, la réaction ne s'est pas fait attendre : "La FFB s'insurge contre cette coupe franche, trois jours seulement après l'échange avec les ministres de la Transition écologique et du Logement, afin de relancer MaPrimeRenov'. Où est la cohérence ?", en ajoutant

"La FFB demande donc instamment au premier ministre de clarifier sa vision politique relative aux défis majeurs que la France doit relever en termes de logement des français, condition de la relocalisation de l'activité et de la croissance dans notre pays. C'est un préalable indispensable."

Du côté de la Capeb, son président Jean-Christophe Repon s'est exprimé à travers un communiqué de presse :

"L’urgence à l’heure actuelle est de se donner les moyens de consommer en 2024 le budget alloué dans un contexte où les décaissements ont baissé de près de 12% en 2023 par rapport à 2022 et le nombre de chantiers de rénovation énergétique financés par l’ANAH, de 17 % (soit 569.243 chantiers avec seulement 72.000 rénovations globales)".

"La CAPEB le rappelle, seul un meilleur fonctionnement du dispositif permettra de relancer la dynamique. Le travail est engagé. La réunion de travail que la CAPEB a eue sur ses propositions avec Christophe Béchu et Guillaume Kasbarian, le 15 février, a révélé la ferme volonté des ministres d’assouplir les modalités actuelles d’engagement des travaux de rénovation énergétique. Les arbitrages sont attendus début mars et, souhaitons-le, devraient être à même de relancer le nombre de travaux engagés".

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