La mécanique du cœur

L’œil rieur, Jean-Louis Duverger avoue ne plus entendre le tic-tac incessant des multiples cadrans entreposés dans son atelier.
Tombé dedans quand il était petit – l’affaire familiale date de 1958 – le maître horloger ne compte plus les heures passées penché sur les rouages des pendules de ses clients.
Après l’école d’horlogerie de Mérignac, puis une formation spécifique auprès de l’horloger du château de Versailles, il reprend l’atelier pater- nel en 1985.
« J’ai mis une douzaine d’années à être serein et à maîtriser mon métier », reconnaît Jean-Louis Duverger qui envisage de former un apprenti pour transmettre son savoir- faire et ses secrets.
Remettre les pendules à l’heure
Horloges comtoises, pendules Louis XIII, Louis XIV ou datant du Directoire, carillons à poids, pendulettes de voyages... les patients du maître horloger reviennent de loin. « Certaines pendules ont 300 ans, mais elles sont increvables pour qui sait les réparer », souligne l’artisan. Chaque pièce a son vécu, son histoire et... ses maux.
« Un simple grain de sable peut enrayer tout le mécanisme. Pour chacune, j’ai un cahier détaillant le diagnostic et mes interventions. Vingt ans plus tard, je peux retrouver les répa- rations effectuées », explique-t-il.
Avec l’expérience, il a accumulé des savoirs, amélioré ses techniques de réparation, développé des astuces pour gagner du temps : « J’analyse, je répare, je remonte et je règle jusqu’à ce que cela fonctionne. »
Un savoir-faire intemporel
Au quotidien, l’horloger mélange outils anciens et techniques modernes. Il reconnaît que « dans l’ensemble, le métier a peu évolué. Il est même en voie de disparition... » Faute d’horlogers municipaux, il a d’ailleurs la lourde tâche de remonter chaque semaine la Grosse Cloche, « sinon elle s’arrête ! ».
En 2016, une représentante de la CMA Gironde lui parle de la labellisation EPV. « En consultant le dossier de candidature, je me suis rendu compte que je cochais un certain nombre de cases. J’ai tenté », raconte-t-il.
La candidature est exa- minée par une commission indépendante puis, après une entrevue sur site avec un expert, elle est soumise à la Commission nationale puis validée par le ministère de l’Économie et des Finances.
« J’ai ensuite reçu le label, avec des outils de communication », se remémore Jean-Louis Duverger. S’il ne court pas après les distinctions, il envisage ce label comme « la reconnaissance du travail bien fait » et apprécie sa notoriété : « Le label parle pour nous : il certifie l’excellence et est gage de qualité. Pour une clientèle éloignée, ça compte ! »
>> Accéder au site Internet de cette entreprise artisanale.
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