Interview

Anne Sander - député européen : soutenir l’artisanat au niveau européen

Le 25/10/2019
par CMA de l'Alsace
Anne Sander a été élue député européen en 2014, et première Questeure du Parlement européen cette année. Engagée sur les questions liées à l’emploi, aux affaires sociales, agricoles et au développement rural, elle a créé, à son arrivée à son poste, un groupe de travail sur la coopération transfrontalière visant à défendre les intérêts des territoires.
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Le Monde des Artisans : comment le législateur européen peut-il faciliter la tâche des artisans alsaciens qui souhaiteraient exporter dans l’UE ?

Au Parlement européen, nous travaillons au quotidien pour lever les obstacles administratifs, juridiques et réglementaires qui peuvent être des freins à l’export. Pour les artisans alsaciens, nous avons par exemple adopté le small business act, qui vise à aider les PME à profiter davantage des potentialités du marché unique, ou encore le programme Cosme, qui renforce le soutien accordé aux PME pour favoriser leur développement et leur expansion. Mais l’UE rime encore trop avec « normes excessives », alors que ce sont souvent les États membres qui ont une fâcheuse tendance à la sur-transposition réglementaire.

LMA : quels leviers actionner pour inciter les artisans à exporter ou à se développer dans l’UE ?

Le manque d’information sur les outils européens existants est le premier frein sur lequel travailler ! Par ailleurs, il est important d’aider les artisans à relever le défi de la barrière de la langue, dès le stade de la formation professionnelle ou de l’apprentissage. L’UE a notamment développé le formidable programme Erasmus +, permettant à des milliers de jeunes de se former à l’étranger. La démocratisation de ce dispositif est une priorité du Parlement européen. C’est pourquoi nous avons demandé un triplement de son budget pour la période de programmation 2012-2027. Enfin, il faut favoriser la transition numérique des entreprises et accroître les compétences des artisans en la matière afin de leur permettre d’exporter plus facilement.

LMA : les opportunités pour les artisans alsaciens de travailler à l’étranger sont nombreuses. La réforme du travail détaché va-t-elle dans le bon sens pour résoudre les problèmes qui en découlent ?

Il est essentiel d’encourager la mobilité des travailleurs et de permettre la libre circulation des services par-delà les frontières. Je dis oui à la mobilité, mais pas si elle est synonyme de concurrence déloyale. La réforme du travail détaché, qui a déchaîné les passions, a permis des avancées mais ne va pas assez loin. La question des charges sociales reste encore très disparate entre les pays européens. L’UE doit également concentrer ses efforts sur la lutte contre les multiples formes de fraude au détachement et créer un cadre juridique renforcé plus efficace. Les États membres doivent aussi d’avantage se saisir de cet enjeu de la lutte contre les fraudes.

LMA : que prévoyez-vous pour défendre les intérêts des territoires frontaliers au Parlement européen ? En quoi la Chambre de Métiers d’Alsace pourrait-elle vous aider ?

Au regard de l’importance de la coopération transfrontalière pour l’avenir de nos territoires et de leurs habitants, je souhaite créer un intergroupe parlementaire dédié spécifiquement au transfrontalier, qui sera une plate-forme d’échanges entre élus et praticiens. Ces territoires frontaliers couvrent tout de même 40 % de l’UE et représentent 1 personne sur 3 ! Si ce projet voit le jour*, la Chambre de Métiers d’Alsace aura un rôle clé pour faire remonter les préoccupations des artisans au niveau européen, nourrir les discussions et participer à faire émerger des solutions européennes, innovantes, au service de l’artisanat.

* La décision finale sera prise lors de la session plénière de décembre.

 

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