Guillaume & Stéphanie Auger : complices et adversaires

Mais revenons un peu en arrière. En 2012, après plusieurs années comme salarié, Guillaume Auger avait envie de reprendre une boulangerie de bourg rural. Boulanger-pâtissier, il s’installe à Rouillé, où il a des origines, et rencontre Stéphanie, qui arrive des États-Unis où elle a passé quelques années à travailler dans une boulangerie après un Bac S et un DUT de chimie, mais sans diplôme spécifique.
Elle s’inscrit au CFA de Saint-Benoît en pâtisserie et devient l’apprentie de Guillaume :
« J’ai vraiment été surprise de la méconnaissance des métiers de l’apprentissage lors de mes études et même encore aujourd’hui, parfois, lors du recrutement et de la recherche d’apprentis. On peut avoir envie de choisir la voie de l’apprentissage à tout âge, regrette Stéphanie, qui avoue avoir eu du mal à construire son plan de formation. J’ai poussé la porte du CFA pour faire un CAP, et quand j’ai découvert tous les niveaux de diplômes possibles, je les ai tous passés, un par un. »
Un second établissement à 7 km du premier
Guillaume et Stéphanie sont désormais mariés, et cherchaient depuis un certain temps un second projet.
Depuis le mois de septembre 2019, c’est chose faite, et ils sont à la tête de la boulangerie-pâtisserie « L’atelier 58 » à Lusignan (Stéphanie à Lusignan et Guillaume à Rouillé, à 7 km l’un de l’autre).
Ce projet commun a été quelque peu précipité quand le promoteur immobilier de la zone économique les a contactés. « Nous avions à la fois envie et peur », résume Stéphanie.
« Initialement, nous cherchions un établissement à reprendre. Or une création coûte plus cher qu’une reprise, renchérit Guillaume. Et les banques étaient un peu frileuses. »
Ils emploient à eux deux treize personnes et recherchent régulièrement du personnel. Pourtant, le démarrage de la boulangerie de Lusignan a été difficile :
« Nous avons ouvert 6 mois avant la Covid-19. Mais nous nous sommes adaptés, nous avons proposé de la farine au kilo et j’ai créé des kits maison (kits à cookies notamment, durant la pandémie). Maintenant, cela va mieux, nous avons beaucoup et bien travaillé cette année. »
Stéphanie est heureuse de cette boutique qui offre aussi un corner de produits locaux (miels, bières, confitures...) et travaille régulièrement avec des artisans pour proposer des coffrets et cadeaux thématiques.
S’investir pour valoriser la profession
Aujourd’hui, L’Atelier 58 emploie quatre apprentis, deux en CAP, l’un en deuxième année de pâtisserie et l’autre en première année de boulangerie : Nathan en 2e année BP boulangerie et Romain en 2e année BM pâtisserie.
Trois viennent du CFA de Saint-Benoît et un du CFA de Niort. Stéphanie renchérit :
« On a vraiment un vivier de talents à Saint-Benoît et une formidable équipe pédagogique qui pousse l’équipe. Nos jeunes sont d’ailleurs dans cette dynamique. »
En effet, Nathan Pelletier s’est vu remettre un premier prix dans la catégorie apprentis pour sa brioche, en janvier 2022. Guillaume et Stéphanie sont très investis dans les syndicats professionnels et participent à un maximum de concours professionnels.
« Nous le faisons pour valoriser notre profession, nos apprentis, nos communes aussi. Cela représente du temps et de l’investissement, en plus de notre travail quotidien. Nous sommes fiers de représenter l’artisanat français et heureux de voir régulièrement notre travail récompensé par de nombreux prix (meilleure galette frangipane 2020 de la Vienne, Saveur d’or Nouvelle-Aquitaine 2019 chocolat ganache cognac, Saveur d’argent Nouvelle-Aquitaine 2019 pain de tradition française...). »
Ils sont aussi Artisans gourmands et Guillaume est Maître artisan, titre que Stéphanie souhaiterait également obtenir cette année.
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